L’importance de la qualité du sciage

Par Pierre-Alain Blais, rédacteur en chef, Journal Agricom

Pierre Éthier, membre de longue date de Boisés Est et propriétaire de Wood Select à Clarence Creek, a commencé le bal en présentant certaines des difficultés les plus évidentes de la coupe de bois. Selon lui, on doit toujours scier les billots en fonction de l’usage qu’on en fera ou des besoins de l’acheteur éventuel.

Il a éclairci le mystère qui fait qu’un 2 par 4 qu’on se procure au magasin ne mesure pas exactement 2 pouces par 4 pouces, mais plutôt 1,5″ par 3,5″. Le bois brut a rétréci au séchage et il a dû être plané et rectifié, où davantage de bois de surface en a été retiré.

« Idéalement, on veut des planches qui sont droites du début à la fin et qui ont suffisamment d’épaisseur pour pouvoir les rectifier et les planer correctement », avertit le certificateur de bois d’expérience. Par exemple, dans le cas du bois franc destiné à l’ébénisterie, M. Éthier sait par expérience que pour atteindre une épaisseur finie de ¾ », il sera souvent nécessaire de scier un peu plus qu’un pouce d’épaisseur, soit 1 et 1/16 de pouce ou même 1 et 1/8″.

La différence entre l’épaisseur de sciage et l’épaisseur finale (bois perdu) dépend beaucoup de la manière dont on ouvre le billot et de la régularité du sciage, donc de la lame, de la machine et de l’utilisateur.

Il arrive fréquemment que des planches se déforment au sciage et surtout au séchage, même si elles ont été confinées sous une masse et bien séparées par des lattes. Souvent, c’est la façon dont on traverse les anneaux de croissance (le grain du bois), a expliqué Jean-Claude Havard, à l’aide de diagrammes. Les pires déformations sont dues à un retrait inégal du bois (que le bon scieur limite en ouvrant correctement la bille).

Il y a aussi les fameuses planches à la surface en vaguelettes, cauchemar des planeurs. Là, le problème serait le réglage adéquat de la tension de la lame, partage M. Labrie. La vitesse d’avance de la lame dans le bois brut doit aussi se faire en considération de la dureté du bois et des nœuds et du degré d’affûtage de la lame.

Et il y a aussi les gros billots qui proviennent de grands arbres qui ont poussé sous tension, comme un flanc de ravin. Ou ceux qui dépassaient de beaucoup la taille des autres (comme les ormes et les cerisiers noirs) et qui ont subi des décollements d’anneaux de croissance (la « roulure ») lors de tempêtes de vent ou de verglas. Les tensions internes provoquent des déformations difficiles à éviter.

Les planches vont « bouger » lors de la coupe, explique M. Éthier, alors que l’on se rapproche du cœur en enlevant progressivement le bois extérieur (aubier). Le scieur doit alors savoir s’ajuster, et tenter de « redresser le billot » sous peine de voir sécher des planches très tordues, avec des bouts plus épais et souvent très difficiles à rectifier.

Il ne suffit donc pas de trancher aveuglément des planches de bois brut, il faut le faire en fonction des particularités du bois. C’est là tout l’art et l’expérience du scieur… un long apprentissage et beaucoup d’observation.

Boisés Est prévoit présenter en mars 2011, un atelier complémentaire juste sur les techniques du sciage et l’art de faire des belles planches utilisables comme bois d’œuvre ou en ébénisterie (comme des armoires de cuisine).

Il y sera aussi question des techniques recommandées pour la présentation des lots de bois de sciage « comment sortir de la qualité et la mettre en valeur », histoire d’aller chercher les meilleurs prix lors des ventes à l’encan de bois, de déclarer Jean-Claude Havard, membre de longue date de Boisés Est.