Notre coyote de l’Est canadien serait un hybride très vigoureux

Par Pierre-Alain Blais, membre

Le coyote de l’Est est plus rusé, plus gros et plus adaptable que celui de l’Ouest, parce qu’il du loup gris en lui. C’est ce que les spécialistes croient maintenant, et c’est ce que confirment des tests d’ADN qui ont été effectués sur certains individus.

 

Ce sont les révélations surprenantes que Johanne Bossé, membre de Boisés Est a présentées lors de sa conférence à l’atelier du 12 février dernier. « Surprenantes » pour la majorité des gens présents qui croyaient qu’on avait encore affaire au légendaire petit coyote émacié et timide, originaire du sud-ouest américain.

 

Eh bien ! Il faut lui rendre un certain respect à cet animal hybride. D’abord, les populations du coyote de l’Est sont en nette croissance alors que celles de son cousin le loup gris sont de plus en plus restreintes aux régions plus nordiques et chuteraient d’année en année.

 

Actuellement, il est présent dans presque toute l’Amérique du Nord, sauf les régions les plus au nord, où c’est son ennemi le loup qui domine encore. Les biologistes disent que ses populations qui dépassaient déjà la capacité de l’environnement auraient quadruplé au cours des derniers dix ans.

 

En fait, on l’observe beaucoup plus qu’avant, autour des fermes et des habitations isolées dans le vaste milieu rural.

Il n’est présent en Ontario que depuis un demi-siècle. Il nous vient des États-Unis, rapporte Johanne.

 

Avec le succès de sa reproduction viennent les problèmes de cohabitation avec l’humain, l’autre grand mammifère qui occupe aussi ce vaste territoire.

 

C’est cette présence accrue du coyote et les occasions plus fréquentes de rencontre avec l’humain qui ont attiré l’attention des médias et presque suscité une panique dans les régions rurales et périurbaines, face à ce coyote-presque-loup.

 

Mais quand on dit « plus gros », il faut s’entendre. Le coyote de l’Est est quand même de taille relativement modeste, et il est bien loin d’être aussi gros qu’un loup. Les mâles coyotes adultes pèsent entre 20 lbs et 45 lbs – ce qui est encore modeste – les femelles cinq livres de moins.

 

Difficile cohabitation en campagne

Alors, qu’est qu’il mange ? Des proies plus petites que lui, en grande partie des rongeurs dans les champs (souris, marmottes, lièvres, ratons laveurs et porcs-épics) et peut-être des petits animaux domestiques quand l’occasion se présente. Mais le coyote chasse surtout la nuit, observent les spécialistes, quoique qu’on rapporte l’avoir vu de jour.

 

Des agriculteurs, particulièrement les producteurs de grains, en sont venus à l’apprécier. En effet, nous apprend Johanne, les coyotes qui habitent aux alentours de ces fermes de grandes cultures sont particulièrement efficaces à manger les rongeurs et autres petits animaux nuisibles qui autrement s’attaqueraient aux entrepôts à grains. 

 

D’autres agriculteurs, surtout ceux qui sont ont de petits animaux exposés au pâturage ou même près des bâtiments, sont moins accommodants. Ils craignent, et parfois ils ont été témoins, de coyotes qui se sont attaqués aux jeunes agneaux ou aux veaux.

 

Les beaux jours où l’on pouvait laisser paître ses troupeaux en toute quiétude sont peut-être révolus. Les spécialistes recommandent maintenant d’assurer leur protection au moyen de chiens bergers ou encore d’ânes, qui seraient particulièrement protecteurs.

 

C’est ainsi que le coyote de l’Est subit la pression des agriculteurs qui voudraient bien les voir éliminés, un peu comme dans le temps des primes pour l’abattage des loups. Il y aurait même des « concours » de chasse au coyote d’organiser en Ontario.

 

Est-ce un coyote ? Est-ce un loup ?

Comment le reconnaît-on et surtout comment le distinguer du loup gris qui lui est très proche génétiquement ?

 

Le coyote de l’Est a le nez noir, un museau effilé et des longues oreilles pointues et dressées (Est-ce qu ça vous rappelle quelque chose ? ? ?).

 

Sa fourrure a souvent des teintes de gris-jaune. Il est plus foncé sur le dos où les poils forment des « vagues », rapporte Johanne. Il a souvent le bout de la queue noir. La fourrure du loup gris est surtout en teintes de gris, brun et noir. Un autre indice, le coyote s’arrête pour regarder en arrière lorsqu’il fuit ; le loup jamais.

 

D’un autre côté, les croisements entre le coyote et le chien sont très peu fréquents, en raison du peu de vitalité des petits qui en sont issus.

 

La peur du loup… ou du coyote

Une jeune femme qui faisait du trekking seule le long d’une piste isolée du Parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton en Nouvelle-Écosse a été mortellement blessée par des coyotes, en octobre 2009. Ce malheureux incident a ravivé les peurs ataviques des loups et coyotes.

 

Confronté à un coyote qui paraît menaçant, les spécialistes disent qu’il ne faut pas se comporter en « proie » ou victime. Il faut lui faire savoir que vous n’avez pas peur de lui. Ça aide si on a de quoi pour faire beaucoup de bruit et lui montrer qui est le maître.

 

Le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario a publié un guide pour nous aider à régler nos « conflits » avec les coyotes. On y recommande d’amener un sifflet avec soi et ne pas hésiter à s’en servir si on se sent menacé par des coyotes qui s’approchent trop près. Une lampe de poche la nuit peut aider à les effrayer.

 

Dans tous les cas, se faire aussi grand et aussi imposant que possible, agitez les bras, faire beaucoup de bruit. Et ne jamais lui tourner le dos au coyote et ne jamais tenter de s’enfuir en courant… rappelez-vous que le coyote peut atteindre 60 km/h et facilement vous rattraper !

Pour en savoir plus sur Internet: www.Ontario.ca/faune, cliquez « Vivre avec la faune », puis « Feuillets d’information sur les espèces », puis « coyotes (PDF) ».