De nombreux champignons associés aux arbres

Par Pierre-Alain Blais, rédacteur en chef, Journal Agricom

Un champignon qu’on trouve souvent sur les bouleaux morts – le Polypore du bouleau – est célèbre parmi les amateurs de champignons, car il peut aider à sauver la vie de chasseurs égarés en forêt.

C’est une des petites informations qu’ont pu glaner au hasard les nombreux participants au dernier atelier Boisés Est qui se déroulait exceptionnellement en dehors des frontières de l’Ontario, à Papineauville (Qc), le samedi 18 septembre dernier.

En effet, deux experts de la région, Christiane et Michel Corbeil, ont offert un atelier d’identification des champignons et ont passé en revue les associations (très nombreuses) entre champignons et essences forestières.

En fait, de commenter les Corbeil qui donnent toujours leurs conférences à deux, l’année 2010 en est une mémorable pour la profusion de champignons que les amateurs ont pu observer, autant dans les boisés que dans les champs et même dans les parterres domestiques.

Ils ont mis en garde les participants de ne pas s’aventurer à consommer un champignon à moins de pouvoir en faire une bonne identification. Le problème est qu’un des plus toxiques est aussi l’un des plus beaux de la forêt, la fameuse Amanite tue-mouche. Petit détail à son sujet : ce grand champignon à lamelles et à verrues comporte toujours une volve, sorte de renflement comme un oeuf, à la base du pied.

C’est pourquoi, en identification de champignon, il est recommandé de cueillir délicatement tout le champignon jusqu’au pied qui est souvent à demi enfoui dans la litière forestière. Attention, les Corbeil avertissent qu’il ne faut pas se fier aux nombreux sites Internet pour confirmer une identification : hélas, n’importe qui peut publier n’importe quoi sur le réseau planétaire.

En fait, expliquent Christiane et Michel Corbeil, ces champignons que l’on voit « pousser » un peu partout en forêt ont presque tous une association avec des arbres (que les experts appellent mycorhizes – une association mutuellement bénéfique). Et l’on peut chercher leur arbre hôte jusque parfois plusieurs dizaines de mètres de là, donnant une idée du prodigieux réseau de mycélium que ces végétaux sans chlorophylle entretiennent sous la surface du sol.

Si la plupart des champignons sont bien visibles (en fait, c’est leurs fructifications qui émergent hors du sol), il y en a qui demeurent cachés, comme les chancres que l’on voit à l’occasion sur des arbres et qui font penser à de grosses tumeurs. Ce chancre, en réalité, est produit par l’arbre en réaction à l’action du champignon caché derrière qui essaie de l’envahir à cet endroit.

Mais il arrive parfois, comme cette année, où ce champignon se met à fructuer, et l’on aperçoit alors de petits champignons ronds délicats, blancs ou d’autres couleurs, apparaître quelques heures près du chancre.

Les forêts de résineux seraient bien meilleures pour la « chasse » aux champignons que les boisés d’érablières, que les Corbeil qualifient de pauvres en champignons. Mais par contre, on retrouve sur les bûches d’érable un des délices de la forêt, le pleurote, un champignon de couleur claire groupé en « tablettes sans pied », qui comporte des lamelles en dessous.

Ce champignon « comestible et bon », se retrouve aussi à l’épicerie fine. Le pleurote n’attaque pas l’érable. C’est en fait un « saprophyte » (un décomposeur), qui recycle ainsi le bois d’érable mort en humus utilisable par les myriades d’autres êtres vivants de la forêt.